La Côte d’Ivoire a signé et ratifié tous les instruments juridiques internationaux et régionaux relatif à la protection des droits de la personne humaine en général et des droits des femmes et des enfants en particulier dont le protocole de Maputo, publié au journal officiel en janvier 2012. Ce protocole, en son article 14-2.C met à la charge des Etats partis, l’obligation de donner accès à l’avortement médicalisé aux femmes et aux filles enceintes à la suite d’inceste, de viol ou de tout autre forme d’agressions sexuelles, ou lorsque la santé mentale ou physique de la femme ou de la fille enceinte est en danger ou encore lorsqu’il y a risque pour la vie de la femme ou la fille enceinte ou du fœtus. Malgré ces engagements la Côte d’Ivoire a l’une des lois les plus restrictives sur la question de l’avorte- ment ; en illustre les articles 425, 426, 427, 428 et 429 du code pénal ivoirien. pourtant, selon l’En- quête démographique et de la santé continue (Eds), de 2012, le ratio de mortalité maternelle est estimé à 614 pour 100 000 naissances vivantes en Côte d’Ivoire. L’Oms, dans son rapport 2015 sur les « Ten- dances de la mortalité maternelle », avance le taux de 645 décès pour 100 000 naissances vivantes, l’un des ratios de mortalité les plus élevé en Afrique sub- saharienne. Malgré le caractère illégal de l’avortement, 18% de la mortalité maternelle sont liés aux avortements clandestins selon l’étude secondaire du pMA2020 (performance Monitoring and Accontability). Cette même étude réalisée en 2018 révèle qu’entre 210 000 et 288 000 femmes de 15 à 49 ans y ont recourt chaque année pour mettre un terme à leur grossesse. Les plus chanceuses gardent des séqvuelles à vie (perforation utérine, hémorragie, stérilité…) quand d’autres, hélas, en meurent. Ce tableau peu reluisant, illustre fort bien le besoin d’adresser de façon efficiente la problématique des soins complets en matière de santé sexuelle et reproductive qui prend en compte la question de l’avortement. pour un meilleur accès des femmes à ce droit fondamental. pour ce faire, chers décideurs, je vous invite à accompagner les ONG, dans leur démarche de plaidoyer pour un accès plus large à l’avortement sécurisé en Côte d’Ivoire, en souscrivant à l’approche que voici :

– un renforcement de capacité des agents du système judiciaire et para judiciaire ivoirien, mais aussi des professionnels de santé, pas toujours au fait des instruments juridiques et des évolutions de la loi sur la question de l’avortement ;

– une campagne de sensibilisation au bénéfice des populations en zone rurale sur les droits en santé sexuelle et reproductive et sur les acquis du protocole de Maputo. Cette méthode permettra d’attaquer, avec les Ong, de front et de façon responsable, ce phénomène de santé publique qui nous oblige à nous interroger sur l’efficacité de notre politique de planification familiale et d’accès aux méthodes modernes de contraception dont la prévalence est estimée à 21 %. Nous ne faisons pas la promotion de l’avortement, mais la promotion de la vie.